Partie 2
Alphinaud : Je... Je m'en veux tellement... Si seulement j'avais été là, moi aussi... j'aurais pu l'aider...
Fordola : Commence pas, hein ! Personne peut sauver tout le monde, tu m'entends !? Ni toi... ni même monsieur le héros ici présent ! Des gens meurent... bêtement, cruellement parfois. Voilà ce qui arrive quand on met sa vie en jeu ! Personne ne s'étonne de voir des cadavres sur un champ de bataille, si ? Alors pourquoi il faudrait se morfondre sur le sort d'une victime en particulier !? C'est complètement ridicule !
Alphinaud : C'est une longue et âpre lutte que nous menons pour notre avenir. Nous avons perdu des camarades en cours de route... et nous en perdrons sans doute encore...
Mais de là à banaliser leur sacrifice... à parler de mal nécessaire... Ça non, je ne peux pas... je ne veux pas m'y résoudre !
Fordola : Alors tant pis. Tôt ou tard, ton sentimentalisme et ton indécision te perdront.
Estinien : Eh bien, tu ne mâches pas tes mots. Je te rejoins en grande partie sur le fond, mais garde à l'esprit que tout le monde n'est pas endurci comme toi et moi.
Et puis, s'accrocher jusqu'au bout à ses espoirs, aussi irraisonnables et irréalisables soient-ils, n'est-ce point la définition même de l'héroïsme ?
Fordola : Tout le monde ne peut pas être un héros. S'ils continuent comme ça, ils vont tous y passer, point barre. À ce moment-là, que deviendront leurs beaux idéaux à ton avis ?
Je vais te le dire : ils disparaîtront purement et simplement, voilà tout !
Alphinaud : Tant pis si je passe pour un faible... Si je peux sauver ne serait-ce qu'une vie, alors...
Estinien : J'aurais trop peur de vous fausser compagnie maintenant. Vous pourriez “disparaître purement et simplement” pendant que j'ai le dos tourné...
... Je n'ai rien dit. Allons, mettons-nous en route.
Estinien :Vous autres, vous portez un idéal extrêmement noble... peut-être même un peu trop. Honnêtement, je ne suis pas certain d'y adhérer complètement.Pourtant, le fait est que vous l'avez défendu bec et ongles, et ce avec une générosité et une compassion qui ne se sont jamais démenties. J'ai pu le constater moi-même, vos bonnes actions ont trouvé un écho chez de nombreuses personnes, qui se sont à leur tour dressées contre l'adversité.
Reste que toute guerre comporte son lot de sacrifices. Que ça vous plaise ou non, vous risquez d'essuyer des pertes, dans vos rangs comme dans ceux de vos alliés. Et vous devrez faire le deuil de vos camarades pour pouvoir poursuivre le combat. Assurez-moi que vous aurez le courage d'avancer en dépit de cela. Pour sauver ceux qui restent... pour sauver le monde.
Estinien : C'est à cette seule condition que j'accepterai de mettre ma lance à votre service. Au nom de notre amitié, et de tout ce que je vous dois.
Alphinaud : Je suppose que vous avez déjà deviné ce dont j'aimerais vous entretenir, mais permettez-moi de poursuivre. La nécessité de faire des compromis, voire des sacrifices, se présente à chaque tentative de conciliation, et malgré mon expérience, j'avoue avoir toujours du mal à accepter cette réalité. Cependant, je tiens à dire que cette fois, j'ai vraiment le sentiment profond que nous sommes sur la bonne voie.
Thancred : Pour prendre les cités-États en exemple, chacune des grandes compagnies qui leur sont affiliées ont un système de gestion et un état d'esprit différents. Or, vous n'êtes pas sans savoir qu'une tentative d'unir tout ce beau monde a déjà eu lieu par le passé.
Kan-E-Senna : Bien sûr. Messire Alphinaud, lorsque vous avez décidé de fonder les Braves du Cristal, comment envisagiez-vous d'administrer un groupe d'individus aussi hétéroclite ?
Alphinaud : J'avais des projets plein la tête... Je nous imaginais, mes camarades et moi, en tant que symboles d'une Éorzéa unie et prête à faire face à toutes les difficultés qui se présenteraient sur notre chemin. Hélas...
phinaud : Ma précipitation et mes idéaux inatteignables ont provoqué la corruption de notre organisation, ainsi que sa dissolution inévitable. S'il y a une chose que je veux éviter à tout prix, c'est que la Grande compagnie éorzéenne connaisse le même sort funeste.
Kan-E-Senna : Je comprends votre anxiété, mais nous avons besoin de votre collaboration à tout prix. Pourrons-nous compter sur vous malgré tout ?
Alphinaud : Cela va sans dire. Pour être franc, je comptais vous en parler moi-même. Depuis cet échec, je cherche un moyen de me racheter, de réparer mon erreur afin qu'elle ne me hante plus. Merci beaucoup pour votre offre, Dame Kan-E-Senna, en espérant ne pas vous mettre de bâtons dans les roues...
Kan-E-Senna : Quoi qu'il en soit, je prierai les esprits de Sombrelinceul pour le succès de nos futures entreprises, et je suis convaincue que nous recevrons leur soutien en temps et en heure. Le reste sera entre nos mains. À très bientôt
lphinaud : Il se trouve que j'ai déjà rédigé un long rapport sur mon expérience au sein des Braves du Cristal... tellement long que je pourrais l'appeler un essai. J'y ai mis toutes mes réflexions et mes états d'âme, dans le but de les exorciser de ma culpabilité...
Alphinaud : Tout l'historique de l'organisation y est, de sa fondation pleine d'espoirs et de promesses à son lamentable dénouement. J'ai tenté d'y inclure tous les détails, les avantages comme les inconvénients objectifs, et je pense avoir fait le tour de la question.
Alphinaud : Il manque toutefois un élément essentiel à mon compte rendu : les avis et impressions de mes camarades. De celles et ceux qui, alors que notre groupe s'écroulait tel un vulgaire château de cartes, ont fait le choix de prendre leurs distances ou de rester jusqu'au bout.
Alisaie : En effet, c'est important quand on y pense... On choisit tous ses amis, mais pas pour les mêmes raisons. Tâchons de garder à l'esprit que nos relations avec les hommes-bêtes n'en sont qu'à leurs balbutiements et peuvent basculer à tout moment.
Alisaie : Les fils qui nous relient sont encore très fins et fragiles, et il n'appartient qu'à nous de les renforcer pour les fusionner en un seul nœud bien épais !
Alphinaud : Bien parlé, Alisaie, mais je dois aussi vous faire une confidence... Si j'ai évité d'achever mon ouvrage, pour ainsi dire, c'est parce que je redoutais ce moment... J'ai peur que certains anciens Braves du Cristal ne veulent plus me voir, ou refusent de se confier à moi.
Alisaie : Si ça te fait si peur que ça, Raha et moi n'avons qu'à nous charger d'interroger les fuyards à ta place ! Au moins, ils n'auront pas de raison valable de refuser de nous parler.
Alisaie : Quant à vous deux, vous n'avez qu'à partir à la rencontre de ceux qui t'ont encore dans leurs petits papiers. Il doit bien en rester au moins quelques-uns !
Alphinaud : Entendu, on fait comme ça. J'avais déjà pensé à contacter Riol et Alianne lorsque j'écrivais mes mémoires, et voilà que l'occasion idéale se présente ! Sur ce, on se retrouve plus tard à Gridania. Faites attention à vous !
Alphinaud : Nos deux amis devraient se trouver à Castrum Oriens, où ils ont été postés pour servir de relais avec l'Alliance éorzéenne. Allons-y sans plus tarder, vous voulez bien ?